Nous avons été invités par des amis à la Bonfire Night organisée à Battersea. On s’est dit : « Pourquoi pas ? Ce sera toujours mieux que la dernière fois ». En effet, l’an passé déjà, on avait tenté d’assister au feu d’artifice gratuit de Victoria Park, mais c’était sans compter la foule et la circulation qui nous ont fait arriver à la fin de l’évènement… Ou comment rater sa soirée…

Cette fois-ci on ne nous y prendrait plus. Battersea, c’est plus près et avec un peu d’organisation et de logistique, une fois n’est pas coutume, nous avons pu arriver à l’heure. L’événement se tenait dans l’enceinte du parc de Battersea et était payant, donc raison de plus d’arriver à temps !

Il a plu toute la journée, mais Ouranos se sentant d’humeur clémente semble-t-il, le ciel se dégage ce soir. Sur le site web de l’évènement il était préconisé de venir en bottes de pluie. On s’est limités à nos chaussures de randonnée, trop classes ! Réservé et payé en ligne une semaine plus tôt, on était sûrs de pouvoir avoir une entrée. Effectivement, en arrivant à 18h30, c’était « sold out » depuis deux jours ! 11 livres sterlings par personne pour pouvoir pénétrer dans l’enceinte du parc. Une bonne dizaine de stands de nourriture sont dressés pour accueillir la foule, chauffée et éclairée par un énorme feu de joie central, mais les queues devant chacun d’eux remettent sérieusement en question notre estomac. Le feu d’artifice commençant à 20h tapantes nous décidons de nous séparer de nos amis pour que chacun puisse avoir le temps de faire la queue au stand de son choix avant de nous réunir pour le show. Greg et moi bravons donc la foule et allons à l’autre bout du parc, en espérant que les files s’amenuisent. Que nenni. J’opte alors pour un vin chaud à 4,50£ le petit gobelet, pendant que Greg patiente dans la queue en me faisant goûter à sa tartiflette : petite barquette en alu sur le pouce à 7£. Tartiflette que, par chance, ou par ignorance de la population locale, il a pu obtenir en quelques minutes seulement dès notre arrivée. Loin d’être la meilleure qu’on ait pu goûter, cette tartiflette a au moins le mérite de nous faire patienter au milieu de tous ces gens qui se bousculent pour, eux aussi, pouvoir profiter de toutes ces étales hors de prix. Tout en sirotant mon vin chaud qui s’avère meilleur que ce à quoi je m’attendais, nous choisissons de faire la queue pour pallier à mon envie de churros.

Mais au fait, qui est Guy Fawkes ? et pourquoi tire-t-on des feux d’artifices en son honneur ? L’Histoire est un peu moins manichéenne qu’elle n’y parait… Opposant politique de son époque, il a eu le sort d’un terroriste pour avoir comploté contre le gouvernement et tenté de faire sauter le parlement londonien. C’est donc l’échec du complot qui est célébré ce jour-là. En plus des feux d’artifices tirés partout dans la ville, on fait brûler des effigies de Guy Fawkes dans des feux de joie.
Si ce sujet vous intéresse, voici quelques articles pour en savoir plus:
Guy Fawkes Night, Guy Fawkes, Conspiration des Poudres

Cependant, il est également perçu comme défenseur des libertés prêt à se sacrifier pour sa cause. Il a ainsi inspiré V pour Vendetta (bande- dessinée puis film) dont le masque est par la suite devenu le symbole du mouvement Anonymous, dans la lutte pour la liberté d’expression.

Bien que le 5 novembre soit une célébration majeure en Angleterre, ce n’est pas un jour férié.

Et là… c’est le drame… le feu d’artifice commence ! Il est trop tard pour rejoindre nos amis et de toutes manières, on serait bien incapable de les localiser. Un dilemme cornélien s’impose alors à nous : rester dans la file pour obtenir un jour ou l’autre les churros tant espérés, ou se mêler à la foule pour trouver un meilleur spot d’où admirer le spectacle. La tension est à son comble… Je finis par me résigner en me disant que je pourrai toujours prendre des churros à la fin du show, et puis, après tout, une table nous attend au restaurant juste après !
Nous admirons alors pendant 20 minutes les feux d’artifice lancés en rythme sur la musique. C’est un très beau spectacle qui suscite l’admiration et l’émotion de la foule en joie. Dès la dernière explosion du bouquet final, nous nous précipitons de retour à la queue des churros, tout en contemplant la marée humaine qui se dirige vers la sortie. Après avoir attendu 25 minutes que 10 personnes soient servies, je me vois à mon tour remplir un gobelet de 7 churros pour la modique somme de 5£, soit un ratio de près d’une livre par churro… Vive la vie à Londres ! Ravie de pouvoir enfin savourer mon précieux, nous nous laissons guider par les derniers badauds qui ont su prendre le temps d’esquiver l’agoraphobie. Nous retrouvons nos amis à la sortie du parc et nous nous dirigeons ainsi tous ensemble vers le restaurant qu’ils ont réservé.

Après 20 bonnes minutes de marche, nous arrivons dans une rue de boutiques de décoration d’intérieur et de luminaires. On tourne au coin d’un grand bâtiment vert, et au bas d’un escalier abrupte se révèle, à la lumière tamisée, le fameux Jak’s.

Un concept ! Le ton est donné pour une soirée hype à Chelsea. Décoration shabby-rustique-récup, un mini tracteur, un étal de légumes colorés, des tables façon banquet médiéval aussi bien que cantine scolaire, une cuisine ouverte, des plats en vitrine, une population aussi hétéroclite que la décoration, une musique assourdissante. Devant le miroir de la « ladies room » je me rends compte que je dénote légèrement avec mes guêtres et mes chaussures de randonnée face aux filles ultra maquillées, robes de soirée et talons aiguilles… Heureusement que je ne suis pas venue là pour draguer !

À droite des escaliers raides qui desservent l’entrée, se dévoile la partie restaurant. En face, se trouve le bar : un antre sombre qui semble aspirer les gens bien habillés, et les recracher titubants quelques instants plus tard. Ce lieu me fascine. Pendant ce temps nous faisons la connaissance d’autres personnes qui nous ont rejoints à la table et nous nous apprêtons à commander. La carte des cocktails à 12£ est vaste mais nos voisins qui en ont goûté quelques-uns ne nous les recommandent pas. Finalement, c’est un buffet. On choisit un plat en vitrine accompagné de deux garnitures au choix. En fonction du plat principal, les prix varient entre 13 et 25£. J’opte pour la quiche aux légumes et fromage de chèvre accompagnée d’aubergines farcies et d’une salade d’artichauts. La quiche est excellente et l’aubergine n’est pas en reste mais l’artichaut dénote en qualité et en fraîcheur. Greg prend du flétan, de l’aubergine cuisinée au parmesan ainsi que des épinards au sésame qui s’avèrent absolument délicieux. Impossible de suivre une conversation avec le volume de la musique. L’addition est divisée, les invités commencent à quitter la table. Nous faisons de même. Le chemin de la sortie est subitement devenu labyrinthesque, il faut traverser un patio-fumoir, puis un bar attenant avant de retrouver la rue. Le temps semblait s’être arrêté dans ce lieu atypique. Le vortex vers la vie normale nous recrache : la fatigue, le bruit, le choc thermique me donnent l’impression d’être ivre en ayant bu que de l’eau. Nous traversons les avenues vides de Chelsea et Kensington pour retrouver la voiture. Il est près de 3h du matin, j’ai l’étrange sensation d’avoir vécu une de ces parenthèses de la vie, ces moments hors du temps et de l’espace bien que rien de particulier ne se soit passé, juste une ambiance, une atmosphère spéciale.

Pour un aperçu plus général, allez jeter un œil aux avis et photos Tripadvisor.