Greg est content. Il s’épanouit dans ses travaux, entre ponçage du réservoir d’eau, raccordement des toilettes, design du chauffage au sol et découpage des armoires, il s’éclate. Il fait son délire de A à Z, de la planification aux finitions, en passant par le paiement (partie un peu moins heureuse).

Bémol: moi je m’éclate un peu moins.

En même temps, je vis 24h/24 dans un couloir en construction. Forcément, ça n’aide pas à se sentir à l’aise.

Et pourtant je me suis faite la remarque ce weekend: c’est fou ce qu’on prend pour acquis alors qu’il y a si peu de temps on était en train de suer et jurer pour tout faire fonctionner.

Je m’explique: l’état actuel du bateau est vivable, toutes les pièces sont chauffées, isolées, raccordées, les murs sont montés et le sol est à niveau. L’entrée, qui sera notre future chambre, est quelque peu encombrée par le bois des armoires en construction mais pour le reste tout va normalement. Le seul élément manquant au confort standard est la douche, mais on se débrouille très bien avec les douches communes de la marina pour le moment.

Et pourtant en 1 an et demi de travaux intensifs on en a fait du chemin, pas sur l’eau car du coup on est presque soudés au ponton, mais sur tout ce qui a été « upgradé ».

J’ai tenté de tout me remémorer (ce qui était le but initial de ce blog: un journal des travaux, mais qu’évidemment je n’ai pas tenu à jour).

  • Je crois donc que la première entreprise a été le réservoir d’eau, que Greg à poncé et peint sur plusieurs semaines, nous laissant évidemment pendant tout ce temps sans eau courante.
  • Puis il s’est attaqué au cratch qui est la structure pour faire un genre de véranda à l’avant du bateau. Ça lui a pris plusieurs mois je crois au total, à mesurer, trouver le bon bois, découper, poncer, coller, poncer encore, recoller, aligner, vernir, laisser sécher, passer deux couches, trois couches, 200 couches avant de l’installer et se rendre compte que le bateau n’est pas droit, rien n’est carré, rien n’est dans l’axe, et fuck it on va faire comme si de rien n’était. Un trou un peu plus haut, une vis un peu plus bas, et illusion d’optique, ça marche. Faut dire qu’il est perfectionniste comme un horloger suisse, alors forcément, même quand c’est bien ça pourrait être mieux. Pour évidemment se rendre compte qu’une fois fini, ça aurait été plus pratique de tout penser autrement… (histoire sans fin).
  • Ensuite ça a été le tour du chauffage, chaotique, retardé, et… printanier! Oui, il a fallu passer l’hiver sans chauffage central, mais ma petite soufflette électrique a été ma meilleure amie!
  • Puis est venu le moment de passer aux choses sérieuses: la (future) chambre. Tout enlever, les murs, le sol, l’isolation, et tant qu’à faire la salle de bain attenante, plus de baignoire sabot, plus de toilettes… Et encore le ballast à déplacer sans l’enlever du bateau pour garder l’équilibre, ponçage de l’intérieur de la coque (sous le ballast), traitement de la rouille, nettoyage, séchage, peinture et sous-couche, plusieurs couches, attente entre les couches, pose de bitumen felt qui est en fait une feuille goudronnée d’isolation de toiture que Greg a longuement recherchée pour pouvoir réinstaller le ballast sur la peinture sans la gratter, puis trouver une espèce de gomme pour bloquer les blocs de ballast pour qu’il ne bougent pas « si un jour on va en mer »… ahem…
  • A donc suivi la repose du sol, en y intégrant cette fois un système de chauffage au sol (qui ne s’est pas mis à marcher dès que voulu, bien entendu), l’installation de nouvelles toilettes avec Sanibroyeur, ça rigole plus ! et boutons électriques pour chasse d’eau, la grande classe…
  • Parallèlement il a fallu une patience infinie pour se mettre d’accord sur les nouveaux chauffages de la chambre et de la salle d’eau en devenir, les commander, ne pas recevoir le colis, les rappeler, ne rien comprendre, et finalement arriver sans qu’on sache quoi en faire car on n’avait plus de place pour les stocker.
  • Greg a également entrepris de refaire les panneaux électriques pour mieux diviser les voltages et donc faire régner l’ordre et la sécurité. Travaux toujours en cours…
  • Le grand moment, celui qui nous a fait faire plus de cauchemars que les autres, a été celui de l’isolation. On avait enlevé les plaques de polystyrène et autre laine de verre si facilement, qu’il fallait bien un peu de challenge pour le schéma inverse. Donc adieu les vieux trucs pourris et mal isolants, bonjour la mousse expansive ! Très impressionnante et pas toujours facile à dompter, mais je crois que ça en valait la peine.
  • Pris de court, on a en quelques sortes trichés et on a fait appel à des « professionnels ». Longue histoire qui nous a quelque peu ruinés, entre rires et larmes on avait du mal à savoir comment réagir. Le plombier faisait tomber les pièces à changer dans l’eau et passait plus de temps à tenter de les repêcher ou aller en racheter qu’à travailler. Le menuisier irlandais qui nous racontait toute sa vie, son chien, et comment il avait failli tuer un touriste bourré parce qu’il avait électrifié son bateau pour que personne n’y touche. Mine de rien ça a permis de faire avancer le schmilblick parce qu’on se retrouvait au pied du mur et qu’on recevait deux jours plus tard les parents de Greg avec son neveu pour dix jours. Alors grâce à cette « aide » on a pu finir le « Tongue-and-Groove », c’est-à-dire le lambris qui recouvre les murs qu’il avait fallu remplacer, choisir, trouver, payer, faire livrer, et faire rentrer dans le bateau (des planches de plus de deux mètres). On a remis également le mur de séparation entre la salle d’eau et la chambre. On a pu repasser presque tous les tuyaux, toilettes et chauffage et rebrancher tout le système. Puis dans un deuxième temps encore plus proche de la crise de nerfs, grâce à un plombier croate appelé en urgence un vendredi soir à 20h, on a pu faire marcher le chauffage.
  • On avait également trouvé un grand bout de moquette à 10£ pour recouvrir le sol de la chambre et cacher les tuyaux apparents.
  • Notre ami et voisin est venu passé une après-midi à monter le canapé convertible Ikea acheté une semaine plus tôt.
  • Deux mois plus tard, on reprend péniblement la suite en commençant par la refonte de l’escalier de l’entrée,
  • Et désormais la fabrication d’armoires et autres placards dans la future chambre qui prend toujours plus de temps que prévu parce que rien n’est droit et rien n’est carré dans ce radeau construit par Numerobis…

Ceci étant voici un article intéressant à lire en anglais qui m’a fait me rendre compte qu’être un boater n’est pas donné à tout le monde et qu’en apprécier les aléas est encore plus difficile. Finalement nos problèmes sont le lot quotidien de ce choix de vie, et on s’y fait ou pas. Je partage tout à fait sa conclusion.

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